Les auteurs

Propos de Denise Gilliand Réalisatrice

Pour faire connaissance avec Denise Gilliand :

Pourquoi ce thème ?

La mort m'intéresse, elle est notre devenir à tous. Aussi loin que je me souvienne, elle a fait partie de mes questionnements quotidiens. Explorer la médiumnité permet de tenter de répondre à la question: survivrons-nous à notre corps physique ?

Des millions de personnes affirment avoir vu, entendu, vécu des phénomènes inexplicables. Des millions de personnes consultent des médiums: en France, c'est un marché qui a été évalué à 3,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2000, et il y aurait 100'000 professionnels en activité. Cet engouement populaire témoigne peut-être d'une recherche d'une autre forme de spiritualité. En tous les cas, il témoigne d'un intérêt collectif certains pour d'autres dimensions que la pensée matérialiste, scientifiquement correcte. Et ces dimensions m'intéressent car elles sont, à mon sens, fortement susceptibles d'encourager la responsablité individuelle et la solidarité. C'est là que cette thématique rejoint mes sujets de prédilection.

Vous posez au début de votre film et de votre livre la question de la preuve d'une vie dans l'au-delà, aujourd'hui qu'en pensez-vous ?

La mise au défi de la médium permettait de dépasser le simple témoignage en faveur d'un enjeu dramaturgique susceptible de nous tenir en haleine: Céline parviendrait-t-elle à prouver à ses interlocuteurs (clients et scientifiques) sceptiques la vie après la mort ?

A mon avis, la médiumnité (tout comme la vie après la mort) n'est pas prouvable par nature. Du moins selon les méthodes scientifiques admises, selon lesquelles on n'a de preuve que si on peut reproduire la même expérience et obtenir toujours le même résultat. Or chaque séance de contact ou de guérison spirituelle est unique, non reproductible. Mais l'absence de preuve ne prouve rien non plus et ne justifie pas qu'on relègue la mediumnité au rayon ésotérique par simple scepticisme.

Pour ma part, je crois que si nous partions du principe que nos vies ne sont qu'une petite étape de notre destinée, nous saurions certainement mieux réenchanter le monde et donner d'avantage de sens à chaque instant présent. C'est par cette phrase d'aiileurs que je conclus mon film.

Vous donnez l'impression d'y croire…

Je ne crois pas à tout, mais j'ai vu beaucoup de choses et j'arrive à un stade où il devient difficile d'affirmer que rien de tout cela n'existe. On dit que c'est "irrationnel", parce qu'on n'a jamais pu prouver l'existence d'un au-delà de manière incontestable, mais a-t-on jamais pu prouver le contraire ? En quoi serait-il plus "raisonnable" de ne croire à rien ? Quand on voit de grands hôpitaux universitaires faire appel à des guérisseurs à distance pour soigner des brûlures, quand on entend des médiums décrire avec précision l'apparence physique d'un défunt, quand on voit des guérisseurs philipins entrer dans un corps avec leur main, sans anesthésie, il y a de quoi se poser des questions et remettre en cause notre pensée matérialiste. On pourrait dire en termes scientifiques que l'hypothèse la moins improbable est celle que c'est vrai, c'est-à-dire qu'il existe d'autres dimensions à notre monde.

C'est d'ailleurs le sens de cette phrase d'Albert Einstein qui figure avant le générique du film:

« Il y a deux façons de concevoir sa vie. L'une est de penser que les miracles n'existent pas. L'autre est de penser que chaque chose est un miracle. »